On le sait, la relation soignant-soigné est essentielle. Si elle peut être négative, voire néfaste, elle est le plus souvent positive, bénéfique, du fait de la confiance qui s’installe entre les partenaires de cette relation, qui peut revêtir trois aspects, non exclusifs les uns des autres : l’empathie, la sympathie et la compassion. Ces trois termes ont un point commun, la souffrance, pathos en grec ; quant à la passion incluse dans la compassion, elle a ici le sens de la Passion (les souffrances) du Christ, si bien mise en musique par Jean Sébastien Bach.
L’empathie, c’est la capacité à se mettre à la place des autres, et donc à comprendre ce qu’ils ressentent. Être empathique est une des qualités essentielles pour faire un bon soignant, mais cette qualité a son défaut : un soignant trop empathique risque fort de se faire dévorer par la relation qu’il noue avec ses patients; le burn-out n’est jamais loin, et les médecins en sont des cibles privilégiées, ainsi que les soignants.
La sympathie est une qualité très répandue, et pas seulement chez les soignants. Elle se définit comme un penchant naturel chaleureux d’une personne pour une autre, sans que la réciproque ne soit nécessaire : on peut parfaitement éprouver de la sympathie pour quelqu’un qui ne vous trouve pas sympathique du tout. Dégager de la sympathie permet à un soignant d’inspirer confiance au soigné, mais il faut aussi qu’il y ait de la compétence pour que la confiance soit légitime.
Quant à la compassion, (littéralement « souffrir avec »), c’est une vertu plus rare, et un peu dangereuse, qui consiste à ressentir la souffrance d’autrui, et donc à tout faire pour y remédier. On ne confondra pas la compassion, qui est une vertu, avec la pitié, qui est un sentiment, positif ou négatif selon les circonstances.
Tous les soignants ne sont pas capables de compatir sincèrement à la souffrance des patients qu’ils prennent en charge, ce qui représente pour eux une forme de protection.
Compatir, c’est être compatissant. L’adjectif compassionnel, utilisé essentiellement dans des expressions comme « protocole (ou prescription) compassionnel(le) », qui font partie du vocabulaire des soins palliatifs, signifie que l’on agit par pure compassion, sans souci d’efficacité.